« J’arrêterai de recruter quand nous serons 150 salariés car je considère qu’il faut savoir se mettre des limites pour garder une entreprise qui nous ressemble. »
Pour ce premier chapitre, nous sommes partis à la rencontre de Laetitia Van de Walle, la fondatrice de Lamazuna, la marque de cosmétique zéro déchet et végane.
Aujourd’hui, lancer une marque sur le marché de la cosmétique qui défend ses valeurs est presque devenu classique. Pourtant, quand on se remet dans le contexte de 2010, l’année où Laetitia a lancé Lamazuna, c’était une petite révolution avec une offre très nova- trice et surtout un combat contre les déchets plastiques encore clairement marginal (d’ailleurs elle nous confie dans l’interview que le terme « zéro déchet» existait à peine et qu’elle utilisait le mot « écolonomique »)
Ce projet était pour elle une sorte de prolongement de qui elle était et un premier aboutissement, malgré son jeune âge à l’époque (26 ans). D’ailleurs ce n’était pas là on premier projet. Avant Lamazuna, elle avait créé une marque de tatouages éphémères avec des petites phrases amusantes pour permettre aux gens en boîte de nuit de lancer la discussion.
Seulement, ce projet ne lui correspondait pas ; elle n’était pas à l’aise dans ce milieu et n’était pas en cohérence avec ce qu’elle souhaitait être et les valeurs qu’elle avait envie de porter.
A contrario, en lançant Lamazuna, elle a rapidement senti que c’était le bon projet car c’était celui qui lui ressemblait le plus, et elle se sentait en totale harmonie avec la cause défendue. Et surtout, elle se sentait convaincante même dans les jours où le moral était au plus bas.
D’ailleurs, elle le dit très bien : « porter une entreprise chaque jour est difficile, s’afficher sur les réseaux sociaux encore plus, alors quand le projet te tient à cœur, correspond à tes valeurs, c’est toujours plus simple de garder l’énergie et de parler de son quotidien avec authenticité ».
Elle se souvient qu’à l’époque, les médias qui parlaient de responsabilité mettaient souvent la responsabilité sur les épaules des consommateurs en disant que chaque euro dépensé définissait le monde dans lequel on souhaitait vivre demain.
Plutôt que d’accepter cet état de fait, elle a opté pour une vision où la responsabilité est portée par l’entreprise et les entrepreneurs, en se disant que si les entrepreneurs n’avaient pas de mauvaises idées, ils faciliteraient le choix du consommateur vers une consommation plus responsable. Évidemment, tout ça ne peut se faire sans beaucoup d’ambition. Son ambition ne se résume pas à un chiffre d’affaires mais plutôt à l’impact qu’elle a, en essayant chaque jour de pousser ses engagements toujours un petit peu plus loin pour un avoir un impact toujours plus fort. Pour elle, chaque euro dépensé doit avoir un impact positif sur la planète.
D’ailleurs, elle nous confie que ses moules de fabrication sont tous produits en France alors que cela coûte plus de trois fois plus cher qu’en Chine. Qu’à cela ne tienne, un engagement est un engagement.
Comme elle le dit si bien : « les engagements ce n’est pas seulement ce que le client voit, mais aussi le quotidien de la boîte pour être jusqu’au boutiste ».
Un exemple : Vendre à l’autre bout du monde? «Non merci, car cela serait contradictoire avec nos valeurs et notre ambition de convertir le maximum de personnes au zéro déchet si nos produits en créent toujours plus en voyageant partout. »
Un autre exemple ? Lamazuna s’est donné l’objectif de ne pas dépasser les 150 salariés pour garder une entreprise à taille humaine où l’on peut tous se connaître.
C’est aussi ça l’ambition : savoir se donner des limites pour continuer à respecter qui l’on est, ses aspirations et ses valeurs. En résumé : respecter son ikigaï.